Google sait tout : NGRAM
Tout a commencé avec la découverte de Google NGRAM, une fonction de google qui va checher dans la base Google Books les occurences d'un mot.Dans la série "Google sait tout" ce nouvel outil en comptant les occurences d'un mot permet de voir l'apparition d'un néologisme et sa fréquence d'usage ou de tracer un événement historique et son impact dans la production d'ouvrages.
J'ai par exemple clairement identifié l'usage accru du terme "humoriste" récemment substitué à "comique" dans la vibe du politiquement correct ou le fait de faire rire semble desormais s'apparenter à l'activité hautement risible du dentiste, peut être le souvenir d'un blues de feu Henri Salvador.
AFP, le sérieux et le fact checking : un mot en réalité absent jusqu'au milieu des années 70
Dans la veine du sérieux, l'AFP en impose, dealer de bonnes et mauvaises nouvelles, toute la presse s'y approvisionne en faits avérés et vérifies avec il est vrai peu de déchets.Recherchant de l'information sur ce marronnier qu'est devenu le thème de l'islamophobie, je tombe sur un article de fact-checking de l'AFP à propos de l'origine du terme.
Le fact checking c'est le nouveau dada de la presse venu des Etats Unis, exercice qui consiste à llvérifier une affirmation ou un fait relayé à l'origine par des politiques, et de plus en plus a propos de photos ou histoires qui font "le buzz" relayés en mode viral sur les réseaux sociaux.
La presse française en est devenue friande, notamment la radio télévision publique dans son intarissable quête de vérité et de justice.
Donc l'AFP titrant Non, le terme “islamophobie” n'a pas été “créé par l'ayatollah Khomeini" sert a son tour un fact chacking à propos de l'origine du terme islamophobie, un sujet qui a secoué la sphere politico médiatique en 2003 suite a une affirmation de Caroline Fourest alors très presente sur le petit écran.
Les chercheurs dans Google : rien entre 1910 les ayatollahs
Pour contredire l'origine iranienne du nom, l'AFP cite a son tour deux sociologues qui situent l'apparition du mot en 1910 sous la plume d'un certain Alain Quellien et de copier une page de l'ouvrage pour le démontrer.Aussitôt j'agite ma petite boite google et de me faire mon propre travail de chercheur.Et la surprise !
Le ngram d’islamophobie est désespérément plat jusqu'au début' des années 80, coïncidant justement avec la révolution islamique en Iran.
Caroline Fourest qu'on a fait passer pour une menteuse serait plutôt a minima diseuse de coïncidences si on s'obstine à lui refuser le bénéfice de la vérité.
Autre fait, en zoomant sur le début de siècle on y trouve également les prémices de ce mot, et google donne le lien vers le fameux ouvrage d'Alain Quellien censé contredire la piste de l'origine iranienne.
En fait de chercheur, j'ai affaire à des googleurs qui en ont simplement repris le résultat comme je le fait depuis le café de la place plutôt que les laboratoires du CNRS; argument d'autorité, l'enfumage pseudo scientifique d'experts est un artifice facile.
Le cas des "chercheurs "
Comme Google donné également les ouvrages des chercheurs, je m'attarde sur leur ouvrage référencé pour soutenir le fact checking : Islamophobie: Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman"Leur ouvrage débute par la mise en scène du cas d'une ado et de sa tenue ostensiblement islamique à l'école. Ils opposent :
- d'un coté le parti de l'école : islamophobie, injuste, arbitraire, fatwa scolaire, discriminatoire, aveu d'irrégularité
- de l'autre le parti de l'élève : indocile, aucun caractère religieux, mise à attendre dans le froid et la neige, humiliation, adolescente en souffrance.
Puis c'est un vibrant hommage au CCIF, organisation qui prétend luter contre l'islamophobie qu'elle définit d'ailleurs comme un délit et qui à propos des attentats du Bataclan dit "Plusieurs attentats sont commis dans des lieux très fréquentés de la capitale." Et comme le remarque l'Express Pas un mot sur l'Etat islamique ou les motivations pseudo-religieuses des terroristes.
Caroline Fourest dit justement que le CCIF est "plus islamiste qu'antiraciste", ce qui apporte un éclairage particulier sur la perception de la journaliste par les deux sociologues qui notamment lui reprochent à propos de Tariq Ramadan "une campagne de disqualification".
Le cas de ces auteurs ne relève pas plus de la démarche scientifique d'un sociologue que n'importe quel auteur ou politique sur le sujet, et surtout une opposition marquée aux positions de Caroline Fourest qu'ils prétendent contredire en tant que chercheurs, ubiquité que ne retiennent ni ne mentionnent les journalistes de l'AFP

Je relève cette accusation savoureuse des "chercheurs" du CNRS à l'égard de la décision du collège qualifié de "fatwa".
RépondreSupprimerCette décision prise suivant les lois encadrant la laicité ne relève d'aucune contrainte et réglementtion religieuse au contraire d'une fatwa, pas plus qu'elle n'est une mise à mort comme celle proclamée par les mollahs iraniens à l'égard de Salman Rushdie.
Et puisque ce sujet du voile est invoqué, il est contradictoire d'un coté prétendre qu'il n'est en aucun cas une obligation religieuse, et de l'autre hurler à la discrimination anti-musulmane quand l'usage en est proscrit en vertu des règles de laicité.
Sur la forme, les argumentaires proposés sont spécieux (nda : exposé falsifié destiné à tromper, à induire en erreur et qui repose sur un mensonge), ce qui intéresse au plus haut point l'approche scientifique de l'historien appliquée à l'exercice du fact checking.